Alain Coron, docteur, ingénieur de recherche CNRS au Laboratoire d’Imagerie Biomédicale de Paris, a activement contribué aux innovations en matière d’analyse du signal et d’imagerie biomédicale. Il était spécialisé dans l’analyse quantitative et statistique de signaux ultrasonores et l’apprentissage automatique appliqués à l’évaluation des ganglions lymphatiques cancéreux et des tumeurs. Il a également contribué à l’analyse des données ultrasoniques à haute fréquence, d’imagerie de contraste échographique et en histologie numérique. Alain Coron est décédé à l’âge de 48 ans, le jeudi 21 mai 2020, à l’hôpital Jean Jaurès de Paris, à l’issue d’une bataille personnelle de 16 mois contre le cancer.
Alain Coron était né à Saint-Etienne, en France, en 1971. Il a obtenu un diplôme d’ingénieur en électronique et information à l’Institut de Chimie et Physique Industrielles de Lyon (France) en 1994, et un doctorat en traitement des signaux de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) en 1998. De 1998 à 2001, il a été chercheur postdoctoral à l’Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, en Belgique, et à la Technische Universiteit Delft, aux Pays-Bas. Il a été impliqué dans les travaux sur la spectroscopie de résonance magnétique et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) par l’analyse temps-fréquence, la transformation d’ondelettes et le sous-échantillonnage (sparse sampling) de l’IRM 3-D.
Alain Coron a rejoint le CNRS après son recrutement sur concours en novembre 2001. Alain était alors membre du Laboratoire d’Imagerie Paramétrique (un des laboratoires à l’origine du Laboratoire d’Imagerie Biomédicale, LIB). Il a été dans l’équipe « Développement de l’imagerie et de la thérapie ciblée », mais il a interagi de façon transversale avec de nombreux chercheurs et étudiants du laboratoire qui travaillaient sur l’analyse des signaux. L’approche méthodique d’Alain face à des problèmes complexes, ses compétences mathématiques et d’analyse de données et son dévouement à répondre aux besoins cliniques ont été largement reconnus et recherchés pour le développement de projets tant au sein du laboratoire qu’au sein de collaborations nationales et internationales. De 2011 à 2016, il a été le principal chercheur français d’un projet mené par les Drs Feleppa et Mamou au Lizzi Center de New York pour développer une évaluation ultrasonique avancée des ganglions lymphatiques sentinelles. Le projet a réuni des chercheurs en France, aux États-Unis et au Japon grâce au financement d’un prestigieux projet de subvention de recherche RO1 accordé par l’American National Institutes of Health (NIH).
En 2013, Alain Coron a reçu le “Invitation Fellowship Programs for Research in Japan” accordé par la Japan Society for the Promotion of Science (JSPS), une institution indépendante qui fait progresser la science dans tous les domaines, y compris les sciences naturelles et sociales. Ce prestigieux programme de financement offre aux chercheurs étrangers hautement qualifiés l’occasion d’interagir étroitement avec des groupes de recherche de premier plan dans des universités et institutions japonaises, permettant ainsi au lauréat de faire progresser ses recherches tout en stimulant les scientifiques japonais, en particulier les jeunes chercheurs. Le dialogue et les collaborations encouragés par la bourse visent également à faire progresser la recherche scientifique dans le pays d’origine du lauréat. Alain a été l’un des 300 chercheurs sélectionnés dans le monde pour cette récompense en 2012-2013. Dans le cadre des programmes de bourses d’invitation pour la recherche au Japon, le Dr Coron s’est rendu deux fois au Japon pour poursuivre des études avec le Professeur Tadashi Yamaguchi à l’établissement hôte, le Chiba University Center for Frontier Medical Engineering, à l’automne 2013 et à l’hiver 2014. Pendant son séjour, le Dr Coron a interagi avec des chercheurs japonais à tous les niveaux, des étudiants aux chercheurs et professeurs chevronnés, et il a renforcé les liens de collaboration existants avec le professeur Yamaguchi afin d’apporter des contributions importantes aux études sur les ganglions lymphatiques.
Alain a été membre de longue date de l’IEEE UFFC et de l’IEEE SPS. Il a été éditeur associé de la revue internationale Ultrasonics. Il a encadré de nombreux étudiants en masters et en doctorat qui ont bénéficié de sa grande expertise et de son enseignement exigeant. Son travail a mené à des présentations invitées à des conférences internationales (encore très récemment à la Microbubble Conference à Leeds (Royaume-Uni) et l’American Acoustical Society Conference à San Diego en 2019 ainsi qu’à46 articles de recherche dans des journaux de référence de son domaine.
Son travail a été exceptionnel en termes de méthodologie et de rigueur scientifique. Il a produit un travail scientifique d’un grand intérêt et formé des étudiants avec des compétence qui les ont mis à l’avant-plan de leur domaine. À l’origine expert en méthodes quantitatives de traitement des signaux et d’images, ses recherches ont grandement bénéficié de sa forte compréhension de la biophysique des ultrasons et de son ouverture à de nouveaux concepts et idées. Nous avons eu la chance d’avoir pu interagir avec un chercheur aux talents multidisciplinaires comme Alain.
Au-delà de ses réalisations professionnelles importantes, Alain, par l’humanité dont il faisait preuve, était aussi un ami précieux qui entretenait des liens étroits avec les étudiants et les collaborateurs à l’intérieur et à l’extérieur du LIB. Sa curiosité s’étendait bien au-delà de la science et les discussions avec lui étaient toujours vivantes et instructives. Il a partagé sa culture et son intérêt pour de nombreux domaines comme la cuisine, la voile, la musique et la politique. Alain a maintenu une attitude positive même dans des situations difficiles. Il aura été une force positive sur le terrain scientifique et dans nos vies et Alain nous manquera beaucoup.